Le véritable veilleur est prêt d’avance. 1er dimanche de l’Avent, année B Le 29 novembre 2020

Publié le Publié dans Homélies

Lectures :

Is 63,16b-17.19b; 64,2b-7 : Nous sommes l’argile, c’est toi qui nous façonnes…

1 Cor 1,3-9 : Ainsi, aucun don de grâce ne vous manque…

Mc 13,33-37 : Prenez garde, restez éveillés…

Nous partons dès le premier dimanche de l’Avent sur les chapeaux de roue… le ton est donné : réveille-toi tête endormie, quitte ton canapé, prends garde, reste éveillé. C’est le temps de veiller et de lire les signes des temps.


Ces derniers temps, les circonstances de notre vie sont étonnantes. Ce qui était encore impensable il y a quelques 20 ou 30 ans est devenu la réalité.
Ce que Georges Orwell imaginait dans ses romans prend corps devant nos yeux et jette de l’ombre sur l’avenir.

Ne vous souvenez vous pas de l’une de ses célèbres citations ?

Dans les temps de tromperie généralisée,

le seul fait de dire la vérité est un acte révolutionnaire.

Eh oui, le veilleur est celui qui cherche la vérité des choses et, une fois trouvée, il ne la garde pas pour lui mais il la dit, car il est libre de le faire.

Encore Orwell :

parler de liberté n’a de sens qu’à condition que ce soit la liberté
de dire aux gens ce qu’ils n’ont pas envie d’entendre.

Ainsi, veille afin que le mensonge, les demi-vérités et les lois liberticides à la grande pancarte c’est pour votre bien, ne t’anesthésient point.

Alors debout !

          Encore un autre trait caractéristique de tout veilleur digne de ce nom:
c’est une personne qui, dans le silence du quotidien, travaille pour que tout soit prêt au moment fixé. Il est donc celui qui anticipe, qui prévoit, qui prépare.

Sans doute chacun de nous se souvient-il ou en fait-il encore l’expérience tous les jours. Ne nous souvenons-nous pas qu’une fois levés, nous retrouvons notre pantalon bien plié, notre chemise repassée, nos slips et chaussettes tout propres et pourtant, la veille, ils ne l’étaient pas.

Nous trouvons tout naturel, ce « miracle » qui s’est opéré lorsque nous dormions et, sans nous poser trop de questions, nous nous habillons et, fiers et propres, nous descendons prendre notre petit déjeuner.

Et là encore, miracle ! le repas est déjà sur la table : le chocolat chaud finit de bouillir, la tranche de pain est prête à être croquée, le pot de confiture ou même celui de Nutella est déjà ouvert.

Voilà, tout est prêt pour attaquer une nouvelle journée.

Rarement, et même si c’est le cas, avec une réelle reconnaissance, nous disons merci à la personne dont les mains ont tout fait pour que nous soyons blanchis et nourris.

Nos mamans – car ce sont elles dans la majorité des cas – étaient ou sont encore ces veilleurs qui préparent cela, dans la discrétion de la nuit, afin que tout soit prêt le lendemain matin.

Elles n’attendent pas de remerciements, notre joie suffit, leur joie, c’est nous.

Vous comprenez : le véritable veilleur n’est pas surpris lorsque sa bien-aimée arrive et frappe à la porte. Il est prêt d’avance.

Voici un autre exemple pour vous faire comprendre que les veilleurs ne sont pas forcément des personnes qui copient les choses faisant la une des journaux.
Pour la plupart, ces serviteurs du quotidien font que la vie se structure et que les affaires avancent.

Quelqu’un m’a raconté qu’il gardait l’image suivante de son père : chaque dimanche soir, juste avant d’aller se coucher, il sortait sa boîte à cirage et prenait, paire après paire, toutes les chaussures de la famille : il les nettoyait, les cirait, les lustrait avant de les ranger à nouveau dans le placard pour qu’on les retrouve bien propres le lundi matin.


Et voici encore une autre image tirée de ma propre expérience : mon grand-père était agriculteur.

Il habitait à 70 km de ma ville. A l’époque, il n’y avait pas de téléphone portable, pas d’Internet non plus. Pour s’y rendre, il fallait prendre un bus… qui, comme dans tout système socialo-communiste, souvent n’arrivait pas à l’heure.

Cependant, je me souviendrai à jamais qu’en arrivant à sa ferme, poussant le portillon, presque systématiquement je tombais sur mon grand-père sur le pas de la porte,  donnant l’impression de m’attendre…
Comme s’il connaissait l’heure précise de mon arrivée, et pourtant il l’ignorait… mais il m’aimait !

Très chers Frères et sœurs, c’est ça, le cœur du veilleur : il sait…, il pressent l’heure quand son bienaimé vient… il l’attend…

Il est prêt à chaque instant… tout son être est tourné vers lui.

Ainsi, pour lui, tout devient facile, plus aucune tâche ne lui est une corvée, un obstacle infranchissable.

Bref, toute sa vie est orientée vers la Rencontre.