Homélie : Le gilet jaune du Christ. 33éme dimanche du Temps ordinaire, année, B, le 18 novembre 2018.

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Père Przemyslaw KREZEL
Paroisse St Pierre et St Paul
en Val d’Azergues
Diocèse de Lyon

Le gilet jaune du Christ
33 dimanche du Temps ordinaire, année, B, le 18 novembre 2018

Lectures :
Dn 12,1-3 : En ce temps-là se lèvera Michel, le chef des anges…
Hbr 10,11-14.18 : Jésus Christ, au contraire, après avoir offert pour le pèches un unique sacrifice…
Mc 13,24-32 : Laissez-vous instruire par la comparaison du figuier : dès que ses branches deviennent tendres…

Mes frères et sœurs bienaimés,

nous sommes au lendemain d’une grande mobilisation citoyenne appelée communément gilets jaunes.
Peut-être les avez-vous rencontrés hier si vous étiez en déplacement ….
Je n’entrerai pas dans le fond de leur action et sa raison d’être. Ce n’est pas cela qui m’intéresse le plus.
Ce que je veux souligner, c’est que la perception de cette contestation massive contre le gouvernement français a donné l’occasion à de nombreuses prises de paroles assez critiques. Ainsi, certains mettaient en avant le risque de la récupération politique, d’autres parlaient d’un égoïsme et d’un court-termisme dans les décisions négligeant complètements les enjeux écologiques, d’autres encore insistaient sur le fait que le mouvement bloquerait France, empêchant les gens de circuler librement…

Encore une fois, je ne veux pas entrer dans le débat d’idée… je n’ai pas le temps ici…
Pourtant, j’aimerais souligner que le sens premier du gilet jaune – devenu l’appellation dudit mouvement – a été complètement occulté.
Si quelqu’un revêt sur la route son gilet jaune, ce n’est pas pour son plaisir.
Il l’endosse surtout pour communiquer aux autres un message important :
Je suis en difficulté.
Faites attention, je suis là ! Ralentissez… ne m’écrasez pas !
Si nous regardons de plus près, le gilet jaune, en fin de compte, n’est qu’un cri de détresse.
Peut-être n’est-il pas complètement justifié, peut-être est-il parfois exagéré, démesuré…. Mais cela ne doit pas empêcher qu’il soit entendu puisqu’il est toujours un communiqué appelant à la vigilance.

Et c’est bien ce que je retrouve personnellement dans les lectures liturgiques de ce dimanche…
Bien sûr, nous pourrions les caricaturer, souligner leur dramaturgies, nous focaliser sur les détresses à venir, sur les étoiles tombant du ciel, sur le soleil et la lune obscurcis….
Et c’est ce qui se passait autrefois….
Les plus anciens d’entre nous se souviennent encore de leur catéchisme et des prêches intempestifs qui dépeignaient les fins dernières – la fin du monde avec d’incroyables détails, très imagés… les diables brandissant leur fourche
et l’enfer enflammé . Tout ceci donnait de véritables frissons et suscitait la terreur.
D’ailleurs, de temps en temps, les gens âgés me parlent de leur angoisse de ce qui pourrait leur arriver une fois morts. Ils redoutent tout simplement l’avenir… ce qui les attend…

Mes frères et sœurs bienaimés,
Toujours nous pourrions tourner en dérision n’importe quel sujet.
Toujours nous pourrions avoir une lecture partisane des évènements qui nous arrivent dans la vie…
Vous connaissez très bien cette expression qui remonte au XIII siècle : Qui veut noyer son chien, l’accuse de la rage…

Cependant, ne cherchons pas la petite bête dans le texte liturgique, ne nous focalisons pas sur les éléments secondaire des textes bibliques…
Allons au cœur de leur message…
Si aujourd’hui, ils mentionnent quelques images troublantes ce n’est pas pour nous épouvanter. C’est pour éveiller notre attention car le sujet est sérieux :
Il s’agit de la Parousie !
Quel mot étrange… me direz-vous ?

Pourtant, sa signification est simple, compréhensible, prometteuse : la parousie est le mot qui désigne la seconde venue de notre Seigneur sur la terre.
Et c’est le sujet central de ce dimanche :

le Christ, assis à la droite de Dieu le Père, reviendra dans la nuée avec grandes puissances et gloire. Son peuple sera délivré de toute détresse; beaucoup de gens qui dormaient dans la poussière de la terre s’éveilleront pour la vie éternelle; les élus seront enfin rassemblés des quatre coins du monde; ceux qui ont l’intelligence resplendiront.

Avez-vous compris, mes frères et sœur bienaimées ?
Les textes liturgiques fixés pour aujourd’hui ne préconisent pas, malgré les apparences, la fin du monde… ils ne racontent que la fin d’un certain monde.
A vrai dire, ils parlent du début d’un autre monde.
Et son arrivée est certaine car clairement annoncée par notre Seigneur Jésus Christ. Alors levons la tête, retroussons les manches, vérifions nos lampes allumés… Le gilet jaune du Christ est déjà visible à l’horizon.
Méfions-nous… Freinons un peu… pour ne passer pas à coté… pour ne pas rater la sortie…

Amen