Je ferai honneur à Noël dans mon cœur et j’essaierai de le garder toute l’année Messe de la nuit de Noël, année A le 24 décembre 2019

Publié le Publié dans Homélies

Père Przemyslaw KREZEL
Paroisse st Pierre et st Paul
en Val d’Azergues
Diocèse de Lyon

Je ferai honneur à Noël dans mon cœur et j’essaierai de le garder toute l’année
Messe de la nuit de Noël, année A
le 24 décembre 2019

Lectures :
Is 9,1-6 : Le peuple qui marchait dans les ténèbres…
Tt 2,11-14 : … la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes
Lc 2,1-14 : Aujourd’hui vous est né un Sauveur…

Aujourd’hui, et plus précisément ce soir, – et je pense ne pas être le seul- je suis pétri d’innombrables mercis.
D’abord, merci pour cette petite mise en scène qui a ouvert notre célébration.
Merci aux enfants, aux musiciens, à la catéchiste et à l’équipe d’animation liturgique d’avoir pris le temps de la préparer, attentive à la précision du moindre détail…
Merci à ceux qui ont décoré l’église, son autel, et qui ont installé la crèche…
Merci à l’artiste qui a peint les vitres de la porte d’entrée de cette église, représentant trois sites clés de la vie de notre Seigneur :
– Nazareth, quelques plumes dorées voletant, signes de la présence céleste d’un certain ange Gabriel qui avait déclaré :
Marie, soit sans crainte, Tu vas concevoir un fils… dont le nom sera Jésus.
– Bethléem, une grotte en son centre, dont la lumière irradie au-dehors.
En revanche, au-dessus d’elle, une étoile comme une croix, indique le lieu où le Messie est né, conformément aux prophéties.
– Enfin, Jérusalem, la cité sainte, pour le moment sans couleurs particulières, son temps n’étant pas encore venu…
Seulement quelques cyprès verts l’ornent… futurs témoins du sacrifice du Christ, qui n’hésitera pas une seconde à donner sa vie pour le salut du monde. C’est-à-dire, et c’est le plus concret, pour le salut de chacun
de nous !
Encore une occasion supplémentaire de dire merci pour l’amour inconditionnel que Dieu exprime pour nous.
Alors, merci, merci, merci…

Ces mercis, je tiens bien évidement à les adresser aussi à vous, qui êtes rassemblés ici en masse.

J’en suis vraiment désolé, mais vous le comprendrez : la famille est nombreuse !
A chaque Noël, nous pouvons nous rendre compte à quel point nous sommes une grande famille de disciples du Christ, même si au quotidien nous nous fréquentons moins, happés par nos multiples occupations.
Merci donc d’être là, petits et grands.

J’adresse un mot de bienvenue particulièrement à ceux d’entre vous qui êtes venus de loin. Je vous pense même majoritaires, sachant que les paroissiens habituels se sont disséminés un peu partout en France, rejoignant leurs familles.
Alors un grand merci pour votre présence, merci d’avoir franchi des dizaines, voire des centaines de kilomètres, car je sais qu’il y a parmi nous des Bretons, des méridionaux, et sans doute des habitants de bien d’autres belles régions de notre pays.
Bienvenue donc à vous tous, et profitez pleinement de vos familles, de nos villages et de notre église.

Mes frères et sœurs bien aimés,
J’aimerais finir mes remerciements par un merci tout particulier…
adressé à une personne qui ne s’y attends pas du tout et qui n’est peut-être pas là, résident d’un autre village.

Avez-vous la moindre idée de la personne à qui j’adresse mon merci ?
Eh bien je le destine au boucher du village dont la boutique se trouve à gauche en sortant de l’église.
Ne pensez pas cependant que je veuille le remercier pour un bloc du foie gras ou une belle dinde achetée pour le réveillon.
Je voudrais lui dire merci pour la vitrine de son magasin aussi joliment ornée, d’ailleurs par la même artiste que nos portes vitrées. Je le remercie puisque, sans le savoir, il m’a inspiré le sujet de cette homélie…

Ainsi, ceux qui sont bons observateurs, en arrivant à l’église, l’ont peut-être bien vu.
Il y a un beau sapin, un hibou fièrement campé sur un tas de livres, des contours de cité médiévale avec ses tours… et quelques panneaux d’indications :
Hogwarts, Azkaban, The Barrow…
Et tout en haut sont inscrits les vœux : Joyeuses fêtes avec Harry Potter.

N’imaginez pas que je sois contre la saga de madame J.K.Rowling.

Je pense que nous sommes tous d’accord pour reconnaître que cette série littéraire fantastique a pour but de nous faire rêver. Et Dieu sait si nous en avons vraiment besoin !
Le quotidien et la prose de choses importantes mais répétitives jusqu’à l’usure, souvent, nous empêchent de ne plus rien voir, puisque vivant la tête dans le guidon. Alors, très bien que des livres enrichissent notre imaginaire en vue de dépasser le présent et nous transporter dans d’autres dimensions, bien qu’elles soient inventées.

D’ailleurs, si nous nous penchons sur nos crèches de Noël soigneusement préparées à l’église ou dans nos maisons, forcément, elles nous émerveillent, ravivent nos bons sentiments, adoucissent notre conduite…, ouvrent à la paix qui s’en dégage.
Il a eu un peu raison, le 30ème président des États-Unis, un certain John Calvin Coolidge affirmant que :

Noël n’est pas un jour ni une saison, c’est un état d’esprit. [1]

L’ambiance bucolique de la crèche nous appelle au rêve…
Rien d’étonnant donc à ce que nous aimions la fête de Noël avec son sapin, ses boules colorées, ses guirlandes scintillantes et le petit Jésus emmailloté dans un linge, déposé dans la simple étable d’une grotte où des animaux fort sympathiques lui tiennent compagnie et le réchauffent.

De surcroît, une image de la sainte famille où chacun, sans faire de bruit, tient sa place en une harmonie qui se dégage de l’amour que chacun éprouve pour l’autre, nous rappelant nos familles…
Ne voudrions-nous pas, au tréfond de notre cœur, que la nôtre soit un peu comme celle-là ?
Et si ce n’est pas encore tout à fait le cas, ne baissons pas les bras, ne perdons pas espoir si les nôtres ne reflètent pas exactement la Sainte Famille.
Mais savez-vous pourquoi ?
Car ce n’est pas une utopie : la sainte famille, c’est du réel. Elle a réellement existé… Et elle existe toujours comme modèle à atteindre.
Et cela justement fait la différence entre Harry Potter et tant d’autres livres fantastiques : eux sont le fruit de l’imagination d’un auteur, de son génie, de l’agilité de sa plume…
Leurs aventures nous passionnent et nous aimons leurs protagonistes…
mais au fond, nous savons que toute cela n’est que de la littérature…
qui raconte des histoires… celles qui n’existent pas et jamais n’existeront dans le monde factuel.
Bref, c’est de la fiction… belle, certes, mais inatteignable par définition.

Quant à Noël, le petit Jésus, ce Dieu qui s’est abaissé jusqu’à nous, sa maman chérie, Marie, modèle pour toute les mamans et Joseph, homme si discret mais à la foi d’acier, d’une efficacité redoutable, exemple même du père attentif et responsable… Eux, ont véritablement existé.
Leur histoire n’est pas du fantasme, c’est de l’authentique.
Des témoignages et des preuves historiques en témoignent, dont le texte de l’Evangile que j’ai proclamé tout à l’heure :
En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre lorsque Quirinus était gouverneur de Syrie… etcetera.

Certes, les circonstances qui accompagnent nos crèches enrichies par la piété populaire créent de la magie à l’instar d’une bonne littérature fantastique, évoquent l’inattendu, appellent à l’émerveillement, … et c’est tant mieux !
Mais en même temps, nos crèches rappellent que la naissance de Jésus au sein d’une famille précise, à Bethléem, n’est pas une fable, c’est de l’histoire.
Qui est aussi la nôtre !
C’est notre héritage…, notre cadeau offert par la vie.

Pour cela, nous nous rendons, à Noël, dans nos églises….
Nous y venons pour faire mémoire de cet événement extraordinaire à considérer à la fois comme un idéal à méditer et un point de référence permettant de se positionner dans le temps, car depuis la naissance de Jésus l’histoire de l’homme s’est bien transformée !
Par conséquent, chacun de nous est appelé à changer également, pour s’améliorer.

Alors, en guise de mes vœux avant que vous n’alliez échanger vos présents, je vous propose quelques suggestions de cadeaux de Noël, de ceux qui ne relèvent pas de l’utopie mais de l’idéal.
Charles Dickens, auteur bien connu pour ses contes de Noël, aimait à dire :
Je ferai honneur à Noël dans mon cœur et j’essaierai de le garder toute l’année. [2]
Ne faisons pas moins, mes frères et sœurs bien aimés.

Voici donc mes suggestions de cadeau de Noël :

A votre ennemi, le pardon.
Pour un adversaire, la tolérance.
Pour un ami, ton cœur.
Pour un client, un service.
A tous, la charité
Pour chaque enfant, un bon exemple
Pour vous, le respect. [3]

[1] John Calvin Coolidge, Jr., né le 4 juillet 1872 à Plymouth (Vermont) et mort le 5 janvier 1933 à Northampton (Massachusetts), est un homme d’État américain, 30e président des États-Unis en fonction du 2 août 1923 au 4 mars 1929. (cité auprès de : Wikipédia)

[2] Artiste, écrivain (1812 – 1870)

[3] Oren Arnold (1900-1980), auteur et éditeur américain