Etes-vous des crustacés ou des vertébrés ? 7ème dimanche de Pâques, année C, le 2 juin 2019

Publié le Publié dans Homélies

Père Przemyslaw KREZEL
Paroisse St Pierret St Paul
en Val d’Azergues
Diocèse de Lyon

Etes-vous des crustacés ou des vertébrés ?
7ème dimanche de Pâques, année C,
le 2 juin 2019

Lectures :
Act 7, 55-60 : Le martyre du Saint Etienne
Ap 22, 12-14.16-20 : Amen. Viens, Seigneur Jésus
J 17,20-26 : Qu’ils soient un en nous

Enfin le beau temps est arrivé…,
la température monte…,
le soleil brille au-dessus de nos têtes…
Ainsi, depuis quelques jours pouvons-nous sortir ce mobilier qui nous permet de vivre dehors et profiter de nos jardins, de nos piscines, de longues soirées à la lueur des bougies…
Enfin, le temps estival est au rendez-vous !!!
Profitons-en bien !

Cependant, les sujets abordés par les lectures de ce septième dimanche de Pâques, sont loin de l’ambiance de farniente estival : le martyre d’Etienne, le temps ultime signalé par l’Apocalypse, la prière émouvante du Christ pour l’unité de ses disciples…
De surcroît, aujourd’hui, notre diocèse fête saint Pothin, premier évêque de Lyon et ses compagnons dont sainte Blandine, qui, eux aussi, n’ont pas renié leur foi, ce qui leur a coûté la vie…
Vous voyez : le « sérieux » est au rendez-vous !
Il parait même être en opposition avec la bonhomie ambiante du relax balnéaire…

Néanmoins, j’essaierai de conjuguer les deux…
Alors, pour ce faire, j’ai choisi une comparaison qui, peut-être, vous fera rire, et c’est tant mieux ; toutefois, par son intermédiaire, je voudrais que nous tous réfléchissions à quel type de disciple du Christ nous sommes ?

Unis entre nous ? Bienveillants entre nous ?
Dans nos choix quotidiens, prenons-nous en compte la perspective de la vie éternelle ?
Sommes-nous capables d’aller jusqu’au bout de notre engagement baptismal, à savoir, nous placer en opposition à la mollesse généralisée et au je-m’en-foutisme ?

Donc, pour entrer dans le vif de ma comparaison, je vous pose d’abord une question :

Etes-vous des crustacés ou des vertébrés ? [1]

La question pourrait vous paraître étrange, tant vous êtes convaincus certainement d’appartenir au genre humain, tout comme moi, et plus exactement au genre homo sapiens.
Mais si je nous pose aujourd’hui cette question, étrange je vous l’avoue, c’est pour rechercher à quel type de croyants nous appartenons ?
Qu’en est-il de notre relation à Dieu ?

Est-ce que la foi structure notre vie ? Est-ce qu’elle est la colonne vertébrale autour de laquelle chacune de nos activités, comme des membres, évoluent ?
Est-ce que la foi est le squelette de notre personnalité, de nos actions, de notre comportement?

Ou bien considérons-nous que :
La foi est un ensemble de lois à respecter pour être en règle ?
Que la réception des sacrements nous suffit ?
Que la contrition de ses péchés remplace l’absolution ?
Que l’Église demande à ses fidèles une obéissance aujourd’hui dépassée ?
Que le droit canon est un recueil de règles poussiéreuses ?
Que l’exigence morale de l’Église est à l’origine du déclin contemporain de la foi ?
Est-ce que la Foi ne nous sert pas parfois à juger les autres, comme étant moins moraux que nous ?
Bref, mes frères et sœurs bienaimés, que sommes-nous devant Dieu ?

Des vertébrés, dont la Foi structure toutes les dimensions de notre être ou des crustacés engoncés dans un squelette rigide, tout extérieur et qui dissimule la mollesse de l’être tout entier ?
Que sommes-nous ?

Des chrétiens vertébrés solides dans la foi et capables de gestes de douceur, d’accueil et de tendresse ou sommes-nous des chrétiens caparaçonnés comme des langoustes et des homards (dont on sait qu’ils sont capables de se dévorer entre eux lorsqu’on les met dans un vivier, comme parfois nous le faisons-nous-mêmes dans nos communautés paroissiales, sauf qu’on ne nous bloque pas la langue avec un élastique, comme on le fait aux pinces des homards !).

Frères et Sœurs bienaimés, dans la perspective de la Pentecôte que nous allons fêter dans une semaine, demandons à l’Esprit Saint qu’Il nous éclaire sur l’état de notre cœur et sur la place que nous laissons à la Foi dans notre vie.
Qu’Il écrase nos pinces de langoustes et qu’Il nous donne un cœur de chair … et, si besoin est, qu’Il nous donne aussi des vertèbres !

Amen

[1] C’est le texte qu’un paroissien de mon ancienne paroisse de la Guillotière m’a fait passer.