Le catholique doit rester un homme libre…, 22ème dimanche du temps ordinaire, année C, le 1er septembre 2019

Publié le Publié dans Homélies

P.Przemyslaw KREZEL
Paroisse St Pierre et St Paul
en Val d’Azergues
Diocèse de Lyon

Le catholique doit rester un homme libre…,
22ème dimanche du temps ordinaire, année C, le 1er septembre 2019

Lectures :
Si 3,17-18.20.28-29 : l’idéal du sage, c’est une oreille qui écoute…
Hbr 12,18-19.22-24a : Vous êtes venus vers Dieu, le juge de tous les hommes.
Lc 14,1a.7-14 : choisir la dernière place, inviter les pauvres.

L’idéal du sage, c’est une oreille qui écoute…
Je ne pense pas être un sage mais au moins, j’essaierai de tendre l’oreille – non seulement celle bien visible de l’extérieur mais surtout je vais tendre vers celle du cœur et de l’intelligence…
Alors qu’est-ce que j’entends après la lecture de l’Evangile de ce dimanche ?

D’abord, et cela est primordial : il est nécessaire d’élargir le cercle des invités…, d’ouvrir ma maison à ceux qui ne sont pas spontanément mes copains : soit ils ne sont pas issus du même milieu, soit ils ne pensent pas comme moi…

La catholicité est une ouverture constante de ce que nous possédons déjà.
Le catholique ne se résigne jamais parce qu’il y a toujours une marge – une zone d’ombre – qui a besoin d’être intégrée à la lumière du Christ.
L’ouverture est la vocation des catholiques sinon l’Eglise deviendrait une secte, contente d’elle-même, construite sur elle-même, tournant autour d’elle seule.

Le Christ est pleinement catholique…
Il entre partout où il est invité ou il s’invite lui-même comme chez Zachée, planqué dans un sycomore, et qui a entendu de la part de Jésus:

mon ami, je voudrais aujourd’hui venir chez toi…

Aujourd’hui, notre Seigneur entre chez un chef des pharisiens.
Il entre dans une maison de référence. C’était une invitation hautement anoblissante aux yeux des habitants de la Ville Sainte …
Mais je ne suis pas sûr que cela ait beaucoup impressionné notre Seigneur.
Il reste toujours libre…

Ce ne sont pas les titres et les positions dans la société qui l’émeuvent le plus.
Jésus s’intéressait d’une manière aléatoire à ce que les gens faisaient.
Par contre, il était passionné par ce que l’homme était…
Quel cœur a-t-il ?
Quelle soif l’habite ?

S’il vient donc chez quelqu’un, c’est pour le désaltérer, pour changer son cœur, le regarder en face : bref, pour le rencontrer en vérité.
Ainsi, le Christ franchit le seuil de cette magnanime maison du chef des pharisiens… mais son but n’est pas de profiter d’un bon repas.
Il savait se contenter de peu…
Il y entre et il regarde… Jésus aime regarder l’homme…
Ce n’était pas du voyeurisme, une vaine curiosité.
Il nous regarde pour nous comprendre… en vue de nous aider à être heureux, à devenir pleinement l’œuvre de la divine création : épanouis et en paix.

Alors nous comprenons sa remarque de ne pas choisir les premières places pour nous-même… Quelle judicieuse consigne !
N’est-il pas vrai que chacun de nous, à un moment ou un autre de sa vie, a souhaité prendre une place plus haute que celle méritée par nos capacités ?
Mais cela n’a pas marché comme nous voulions et nous avons été obligés de céder la place visée à un autre…
Quelle déception….
et quelle rage nous a envahi après coup….
Et pourquoi ?
Parce que la vérité sur nous-même a éclaté aux yeux des autres.
Nous n’aimons pas perdre, tirés à quatre épingles, notre image devant les gens…
Devant ceux que, dans la plupart des cas, nous considérons moins bien que nous.
Nihil novum sub sole – rien de nouveau sous le soleil (Eccl 1,9), l’orgueil est propre à l’homme…
Cependant, revenant au Christ…
Malgré être invité par une personne de marque, il n’est pas intimidé…
Il ne se plie pas en quatre pour faire plaisir à celui qui le reçoit.

Pour Jésus, le maitre de maison n’est pas un haut dignitaire…
Il est un homme. Il le considère comme tel.
Notre Seigneur garde une incroyable liberté face à lui…
Il lui dit ce qu’il a à dire.
Le Chris reste donc le Messie, qui est venu redresser son peuple.
Le Christ reste « rabbi » – maître qui enseigne, même à la table d’un chef des pharisiens, qui, rappelons-le, se considéraient comme « sages d’Israël » et de « vrai juifs ».
Et le Christ ose les enseigner…

Pour ma part, je tire une importante leçon personnelle en tant que croyant.
Le catholique doit rester un homme libre…, libre de penser, libre de parole.
Il ne devrait pas être impressionné par telle ou telle invitation, par tel ou tel honneur que le monde lui propose.
Le catholique est ouvert…, accueillant par définition, à l’écoute de l’autre, mais il ne change pas en fonction du courant dominant, de la personne avec qui il converse, du pouvoir qui est en place.
L’ouverture du catholicisme ne se traduit pas par l’abrogation de la vérité révélée par Jésus Christ et ne se réalise pas en dépit de la liberté personnelle…

Et pourtant… combien de fois, face à quelqu’un socialement mieux placé que nous, détenant un pouvoir, nous réduisons notre catholicité…
Invités chez les grands nous n’avons pas le courage de dire ce que nous pensons vraiment, en quoi nous croyons.

Et le Christ nous regarde… il nous regarde comme les convives dont l’Evangile nous parle.
Il ne nous méprise pas…
Il nous regarde et il nous dit :
Mon ami, ne reste pas à genoux devant les hommes, le pouvoir, l’argent, les honneurs.
Seul Dieu mérite que tu te prosternes devant lui…
Les autres, plus et moins vite t’asserviront…
Alors, debout, mon doux ami, la vérité sur toi, et sur les autres te rendra libre…