Homélie : L’Ascension de notre Seigneur, ce n’est pas la fin mais le début ! Le 10 mai 2018

Publié le Publié dans Homélies

Père Przemyslaw KREZEL
Paroisse St Pierre et St Paul
en Val d’Azergues
Diocèse de Lyon

L’Ascension de notre Seigneur, ce n’est pas la fin mais le début !
Le 10 mai 2018

Lectures :
Act 1,1-11 : Cher Théophile, dans mon premier livre…
Ep 4,1-13 : Frères, moi qui suis en prison à cause du Seigneur…
Mc 16,15-20 : Allez dans le monde entier. Proclamez l’Evangile à toute la création…

Mes frères et sœurs bienaimés,
L’Ascension pourrait être considérée comme un moment triste, du fait que les apôtres étaient obligés de se séparer pour de bon de leur Maître bienaimé.
Rien d’étonnant à ce que, désemparés, ils regardèrent longtemps le ciel… Comme nous d’ailleurs lorsque nous ne savons que faire de notre vie.
Appuyés sur tel ou tel espoir, accrochés à la jupe de maman ou au portefeuille de papa nous restons immobiles et préférons ne rien faire plutôt que de prendre le risque de marcher de façon autonome et d’assumer complètement les aléas du quotidien.

Cependant, l’Ascension du Christ, on ne doit pas la concevoir comme la fin de quoi que ce soit. Bien au contraire : c’est le début !
La Bonne Nouvelle ne s’achève pas le jour où le Seigneur disparaît de la vue de ses disciples, puisqu’ elle devient pour eux un défi à relever. :
Allez donc dans le monde entier proclamer l’Evangile à toute la création.
Soyez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre.
Sacré programme !

Jusqu’à l’Ascension, les Apôtres étaient bien tranquilles, profitant de la grandeur et de la sainteté du Maître :
C’est lui qui prêchait ;
C’est lui qui assumait la charge d’évangéliser le peuple juif ;
C’est lui qui devait répondre aux questions pièges des chefs du peuple et des scribes.
Enfin, c’est le Christ qui devait prouver son pouvoir exceptionnel en permettant de guérir tant de gens, qui, s’amassant, venaient à Lui.
Les Apôtres, quant à eux, n’étaient que témoins.
Alors ils tiraient avantage de tout : d’être au centre des événements, d’être les plus proches collaborateurs de celui qui attirait des foules, d’être aux premières loges lorsque des miracles se produisaient, et tout cela sans risquer de se compromettre…

Ils étaient parfois envoyés en mission ad gentes, tout en sachant que ces envois étaient limités en temps et en espace. En tous cas, le Maître n’était pas loin.
La passion du Christ, le fait de le mettre en accusation puis sa mort avaient déjà tiré la sonnette d’alarme : être disciple du Christ était une situation pas toujours confortable et socialement profitable. Nous connaissons le désarroi des pauvres apôtres au moment de l’arrestation du Maître, et ensuite, lorsqu’ils demeurèrent enfermés dans une pièce à l’étage à cause de la peur des juifs.
La résurrection du Christ leur a redonné l’espoir que tout se remettrait en ordre, que tout se rétablirait, comme autrefois…, mais l’Ascension a coupé court à leurs espoirs : à présent c’était à eux de reprendre la mission…

Surpris, ils s’attardent encore, d’où leur regard tourné vers les nuages…, d’où leurs pieds encore statiques, comme s’ils voulaient retarder, le plus longtemps possible, le moment de se mettre en route.
Il fallut l’intervention extraordinaire de deux hommes vêtus de blanc pour extirper les apôtres d’une sorte d’hypnose :Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Votre place n’est pas là. Elle est au milieu de tant de gens qui ont soif de connaître et de vivre ce que vous avez eu la chance de vivre à côté du Christ et avec Lui.

A présent, conscients de la situation, les Apôtres retournent chez eux, et, méditant tout ce qui s’est passé, attendent la Pentecôte : c’est-à-dire la consécration de leur légitimité d’annoncer la Bonne Nouvelle partout.
Et nous connaissons la suite, jusqu’à nos jours.

L’Ascension de notre Seigneur démontre donc la sagesse de Dieu et sa pédagogie. Dieu ne veut jamais étouffer l’homme. Dieu ne désire pas qu’il reste immature, toujours réfugié derrière quelqu’un.
Il souhaite que l’homme découvre en lui les dons de l’Esprit Saint déposés par le Créateur.
Le Christ se manifeste donc comme un bon maître, comme un professeur qui a transmis tout son savoir à ses élèves.
Et l’avenir de tout élève n’est pas de rester éternellement à l’école, mais justement d’en sortir afin d’assumer sa vie d’adulte, en appliquant au quotidien ce qui lui a été enseigné préalablement par son Maître.

Ainsi, l’Ascension sonne comme la fin de l’école pour les apôtres, appelés, dès maintenant, à partir dans le monde et lui apporter et partager avec les autres l’enseignement reçu du Christ.

Si notre Seigneur se retire de nos yeux, il ne nous abandonne pas pour autant. Il promet même : Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde.
Il reste donc, mais d’une manière mystérieuse, plus universelle, discret comme le bon père qui ne cesse de veiller sur les pas de son enfant, tout en se tenant à l’abri de son regard pour ne pas l’intimider.
Ainsi, notre Seigneur Jésus Christ reste avec nous par sa parole, par notre vie fraternelle, par la prière, par ses sacrements, dont l’Eucharistie est le plus vital.
Parce qu’en communiant nous ouvrons notre cœur, notre intérieur, notre « moi » le plus intime à la présence du Christ.
Alors, son corps devient un peu le nôtre, sa chair nourrira la nôtre….
Pour confirmer cela, il y a eu des saints qui affirmaient qu’après avoir communié, l’homme devient tabernacle – un lieu saint où Dieu demeure et rayonne.

Mes chers frères et sœur bienaimés,
La Solennité que nous fêtons aujourd’hui nous offre donc une bonne occasion de remercier le Seigneur pour sa délicatesse, pour sa sage pédagogie qui veut faire de nous des personnes mûries, affirmées, libres.
Remercions-Le pour sa confiance en nous, son Église, à la fois son corps et l’accomplissement total du Christ.

Amen.