Homélie : la fête Sainte Marie Mère de Dieu, 1er janvier 2018.

Publié le Publié dans Homélies

Père Przemyslaw KREZEL
Paroisse St Pierre et St Paul
en Val d’Azergues
Diocèse de Lyon

Je vois dans la fête d’aujourd’hui une filiation entre moi,
un simple disciple du Christ, et Marie, la mère de mon Maître…
la fête Sainte Marie Mère de Dieu, 1er janvier 2018

Lectures :
Nom 6,22-27 : Que le Seigneur te bénisse et te garde !
Gal 4, 4-7 : Dieu a envoyé son Fils ; il est né d’une femme…
Lc 2,16—21 : Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur…

Il y a quelques heures, depuis le commencement de la nouvelle année 2018… nouvel an, nouvelles espérances… pour moi, c’est également 
une occasion de dire « merci » à une femme : Marie, puisque l’Eglise débute chaque année sous sa bienveillante tutelle.
Elle est donc fêtée aujourd’hui sous le titre de Sainte Marie Mère de Dieu.
Ce titre fut forgé au cours d’ardents débats, principalement entre un certain Nestorius, évêque de Constantinople et Saint Cyrille d’Alexandrie.
Le premier voulait voir en Marie seulement la mère de l’homme Jésus.
Il allait donc contre ce texte de Saint Paul aux Galates, lu tout à l’heure, 
parlant de Dieu qui a envoyé son Fils, et ce fils étant né d’une femme.
Ainsi, le concile d’Ephèse, en 431, fut-il convoqué pour trancher et depuis 
on donne à Marie le titre de « Mère de Dieu », en grec Théotocos, 
afin de reconnaître que les deux natures, humaine et divine, du Christ, 
sont unies en Lui sans confusion possible.
Jésus est donc vrai homme et vrai Dieu, ce que nous confessons au moment 
de dire le symbole de Nicée-Constantinople.
Mais au delà de cet historique, je constate dans la fête d’aujourd’hui 
une filiation entre moi, simple disciple du Christ, et Marie, la mère 
de mon Maître.
A travers la déclaration de Saint Jean au pied de la croix, Marie devient aussi 
ma mère. Je dois, comme Jean, à la demande du Christ, la prendre chez moi 
afin de comprendre la prééminence de la Mère de Dieu, qui nous pousse 
à un amour de fils envers Elle et à l’imitation de ses vertus.

Cette filiation, aujourd’hui, est souvent mal comprise parce que le concept de la famille et du rôle de la mère au sein du foyer a beaucoup changé. 
Pour en voiler les effets négatifs, on préfère dire que le modèle traditionnel 
de la famille a « évolué » comme si l’on voulait nous convaincre du bien-fondé de cette affirmation, espérant prouver qu’aujourd’hui est mieux qu’hier.

Sans vouloir entrer dans la polémique, je veux simplement dresser le portrait d’une mère dont chaque être humain a besoin, sans le « oui » de laquelle la vie devient difficile et se prive d’un appui majeur.
Alors, qui de nous ne souhaite pas avoir une mère toujours prête à nous aider, 
à croire alors même que les autres ne nous croient plus, à nous accueillir 
malgré tant de bêtises commises?
La mère incarne d’une certaine façon le tendre amour de Dieu prêt à se donner 
sans conditions préalables.
J’ai encore présent devant mes yeux le travail discret de ma maman : tout était rangé, repassé, nettoyé, cuisiné…, les courses et la lessive faites…
Et tout cela, elle le faisait après être rentrée du travail dans une entreprise 
de tissage.
Qui de nous ne connaît l’image d’une telle mère dévouée à ses enfants ?
J’espère que vous toutes, chères mamans, en êtes son exemple vivant…

Malheureusement, nous sommes tellement habitués à cet infatigable service quotidien de notre maman, que nous finissons par ne plus le ressentir. 
Nous le vivons dans l’indifférence, comme un acquis, comme une évidence… presque comme un dû et non pas comme un don d’elle-même.
Souvent, nous ne nous en rendons pas compte, jusqu’au moment où notre mère s’en va…
Le vide, après elle, devient impossible à combler.
Le regret amer de ne pas lui avoir dit «merci » ou « je t’aime » reste chevillé 
en nous…

Dieu merci, la fête de sainte Marie Mère de Dieu chaque 1er janvier 
nous donne une bonne occasion de nous incliner devant le mystère 
de la maternité et de remercier nos mamans pour tout ce qu’elles ont fait, 
font, et feront encore.
D’abord, un grand merci, puisqu’elles nous ont accueilli à l’origine de notre vie 
dans leur cœur…
Merci pour leurs berceuses… leurs prières au chevet de notre lit…
Merci parce qu’elles croient toujours en nous, même quand notre vie prouve 
le contraire…
Merci que mon meilleur ange gardien soit ma maman, ici-bas ou déjà au ciel.
En affirmant tout cela, je reste lucide, car certains peut-être même parmi nous gardent le douloureux souvenir de leur enfance, ayant eu le malheur d’avoir une mère qui était le contre témoignage du dévouement maternel.
Et ce manque d’amour de la part de celle qui devait aimer reste en eux 
une blessure qui ne se cicatrise pas.

Je m’adresse donc à eux, avec la paraphrase de la bénédiction d’Aaron tirée 
de la première lecture du jour :
Que le Seigneur tourne vers vous son visage, qu’il vous apporte la paix, 
afin que vous puissiez pardonner à vos mères qui ne savaient pas aimer assez.
Essayez d’être généreux envers elles parce qu’en tant qu’héritiers du Christ, vous pouvez même leur donner ce que vous n’avez pas reçu de leur part : l’amour sans condition puisé à la petite école de Marie.

Et pour finir, je vous citerai Marthe Robin, parlant justement de Marie 
et de son doux exemple :
Essayons donc de nous faire petits, tout petits, auprès de Marie notre Mère : 
quand on souffre, quand on pleure, quand on est seul et bien triste, on a tant besoin de secours, on a tant besoin de sentir une maman auprès de soi!
Et qui donc ne souffre pas? Qui donc ne pleure pas? Qui donc n’a pas besoin 
de se faire consoler, de se faire pardonner, de se faire aimer, de se faire guérir?
Oh oui, apprenons à nous faire bien petits et à ne rien faire sans le conseil, 
sans le secours, sans l’inspiration et le consentement de notre Reine chérie!

Amen