Il est bon de suivre sa pente, pourvu que ce soit en montant Messe des Vignerons, le 22 janvier 2020

Publié le Publié dans Homélies

Père Przemyslaw Krezel
Paroisse st Pierre et st Paul
en Val d’Azergues
Diocèse de Lyon

Il est bon de suivre sa pente, pourvu que ce soit en montant
Messe des Vignerons, le 22 janvier 2020

Lectures :
Jc 5,1-11 : Frères, en attendant la venue du Seigneur, ayez de la patience.
Mt 16,24-27 : Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même…

Savez-vous mes chers amis,
Habitant dans de grandes villes, parfois, je m’interrogeais sur le fait que certains commerces, situés dans le même quartier, vendant presque les mêmes produits, fonctionnaient mieux que d’autres ?

On pourrait prendre ainsi l’exemple des boulangeries de nos villages ou en tenant compte de la fête d’aujourd’hui des producteurs de vins :
A peu près la même qualité du sol, les mêmes cépages, le même savoir-faire, les mêmes produits d’entretien… et pourtant, le résultat final n’est pas le même chez tous.
Certains vins sont recherchés, appréciés par les clients. Ils donnent du plaisir au palais du consommateur et grimpent les échelons d’appellation…,  d’autres subissent l’inverse…

Il en est de même au sujet de la morale et du spirituel.
Prenons une paroisse, avec les mêmes paroissiens depuis des années, avec les mêmes paramètres culturels et sociaux… et pourtant, certains de ses membres deviennent de vrais témoins de l’Evangile, lumineux, engagés, cohérents dans leurs paroles et dans leurs actes… d’autres, au contraire, stagnent en se contentant du statu quo ;

Pourquoi ces disparités dans les résultats ?
A qui en incombe la responsabilité ?

Dans la société des victimes, comme l’a appelée Guillaume Erner, journaliste, sociologue et animateur de radio français dans son livre du même titre [1], l’exception se substitue à la règle et l’émotion prend le pas sur la raison.

Par conséquent, spontanément, on cherche les causes des échecs hors de la personne concernée.
Ainsi, on lui trouve toujours de bonnes excuses et des facteurs atténuant son manque de réussite.
Sans entrer dans les détails, cette fausse charité consiste à lui dire :

Ce n’est pas grave, mon petit, ce n’est pas ta faute si tu ne réussis pas.
La faute est due aux autres !

L’Évangile s’oppose à la vision manichéenne des conditions dans lesquelles chaque homme doit vivre.
Dieu croit en l’homme, Dieu l’a créé à sa ressemblance donc, par définition, il n’est pas une créature vouée au ballottage des circonstances et du hasard, mais l’être qui doit les dominer.
N’est-il pas vrai que, sur la première page de la Bible, est déjà inscrit :

Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance.
Qu’il soit le maître des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, des bestiaux,
de toutes les bêtes sauvages, et de toutes les bestioles qui vont et viennent
sur la terre. » (Gn 1,26)

Mes chers amis,
La maîtrise du monde dont nous parle la Bible passe, de manière incontournable, par la maitrise de soi et de ses tendances égoïstes.
Notre Seigneur bienaimé Jésus Christ le savait bien, d’où son invitation ferme et claire :

Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même,
qu’il prenne sa croix et qu’il me suivre.

Ainsi, la volonté, la persévérance, l’obstination, la responsabilité et la fidélité sont nécessaires pour devenir et rester un homme de Dieu ou un disciple du Christ, comme vous préférez.
Et cela vaut aussi pour tout ce que nous entreprenons dans notre vie, visant les bons résultats.
N’oublions jamais ce sage dicton : On n’a rien sans rien.

Alors, au début de cette nouvelle année 2020, je vous souhaite à tous les forces indispensables pour labourer patiemment et passionnément vos belles vignes et le champ de votre cœur en vue de bonnes récoltes qui mènent à la vie au-delà même de celle sur la terre.

Et en guise de cadeau pour cette nouvelle année je vous offre une pensée d’André Gide, prix Nobel de littérature1947 :

Il est bon de suivre sa pente, pourvu que ce soit en montant. 

                                                                                                                                                                                           Amen

[1] Guillaume ERNER, La société des victimes, Broché, 2006 (à voir aussi : Caroline ELIACHEFF et Daniel SOULEZ LARIVIERE, Le temps des victimes, Broché, 2007