Homélie : Le baptême est l’engagement envers Dieu d’une conscience droite 1er dimanche de Carême, année B le 18 février 2018

Publié le Publié dans Homélies

Père Przemyslaw KREZEL
Paroisse St Pierre et St Paul
en Val d’Azergues
Diocèse de Lyon

Le baptême est l’engagement envers Dieu d’une conscience droite
1 dimanche de Carême, année B
le 18 février 2018

Lectures :
Gn 9,8-15 : voici, que moi, j’établis mon alliance avec vous…
1 P 3,18-22 : être baptisé […] c’est s’engager envers Dieu avec une conscience droite.
Mc 1,12-15 : Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche…

Ce premier dimanche nous met tout de suite dans le bon sens au carême…
Ainsi, nous comprenons bien que ce n’est pas une promenade de santé spirituelle qui nous est proposée, mais bel et bien un rude combat.
Ce combat est d’autant plus difficile à mener que l’ennemi est sournois, aux visages multiples, un maestro du camouflage, pervers, rusé, malin, bref, Satan soi-même !
Ce nom-là, ne nous l’aimons pas trop. Il a d’ailleurs disparu de nos prêches et de l’enseignement de beaucoup de théologiens, qui préfèrent parler du mal, de forces occultes, de penchants mauvais…
Ils évitent de personnifier le Mauvais, car demeurant traumatisés par l’art médiéval débordant de toutes sortes de représentation de l’enfer et de ses acolytes, fourche en main et rictus aux lèvres, ils essaient de se débarrasser de ces images épouvantables. Nous sommes tous d’accord, je pense, que certains tableaux ou sculptures d’autrefois nous donnent le frisson lorsque ces faciès défigurés, inhumains nous regardent droit dans les yeux… sur fond enflammé du feu dévastateur des pauvres pécheurs…

Il est réel qu’il y avait des exagérations… mais c’était un autre temps, une autre culture : nous ne devons donc pas tout prendre au pied de la lettre. N’oublions jamais qu’il s’agit d’art… et qui, comme tel, a ses droits et ses expressions inhérentes au contexte socio-culturel du moment.
Malheureusement, cette volonté acharnée de rompre avec l’anthropomorphisme de la représentation de Satan, nous entraîne dans une autre extrême : le blanchiment.
Ainsi, le diable soit a disparu de l’enseignement catholique, soit il est ridiculisé au risque d’être considéré comme l’idiot d village, un benêt, un nigaud pas très malin, bref : pas dangereux du tout, suscitant presque de la compassion.

L’Évangile de ce premier dimanche remet bien les choses en place : Satan n’est pas une figure stylistique. Il est bien réel, et de plus, il est coriace…
Il ne rata aucune occasion pour s’imposer. Il poursuivit le Christ jusqu’au désert pour le faire trébucher. Ses tentations sont multiples, présentées agréablement, visant les principales failles de l’homme : l’orgueil, la cupidité, l’attrait du pouvoir.
Nous voyons que le mauvais est un être intelligent. Il sait communiquer…
Il sait parler à l’oreille de l’homme….

Dans le cas de notre Seigneur, il a complètement échoué…
Il a compris que le Christ est le Saint des saints, celui-là même qui est venu dans le monde comme son Messie… Il était donc forcé de reculer… mais il n’a pas capitulé. Il cherchait et cherche toujours à nuire à la mission salvatrice du Christ. Parfois, hélas, avec succès…
Nous même l’expérimentons chaque jour, mes frères et sœurs bienaimés.
Nous constatons donc que l’appel de notre Seigneur Jésus Christ « convertissez-vous et croyez à l’Évangile est d’une actualité déconcertante. Il suffirait simplement que nous nous interrogions personnellement : me suis-je vraiment converti ?
Mes actes, mes paroles, mes pensées manifestent-ils clairement la foi en L’Évangile ?

Je ne veux pas répondre à votre place, mes frères, c’est à vous de le faire ce soir…
Quant à moi, je vous le confesse en toute simplicité : personnellement, je ne suis pas assez converti.
Il me reste encore beaucoup de choses à purifier, à rectifier, à compléter.
Je dois être très vigilant, car – paraphrasant une phrase de saint Pierre – mon adversaire, le Diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant sans cesse me dévorer .
Cependant, cette situation dans laquelle je me trouve comme tant d’autres chrétiens qui prennent au sérieux la question du salut de leurs âmes, ne me désespère pas. J’en suis prévenu depuis fort longtemps….
Je sais donc que la sainteté n’est pas un diplôme accordé à ceux qui la réduisent aux interdits à la Jacques Dutronc « fais pas ci, fais pas, ça ».

C’est plutôt une croix de guerre, attribuée à tous ceux qui combattent jusqu’au bout et avec foi les forces du mal. A ceux qui ont compris la signification du baptême qu’ils ont reçu un jour à l’abri d’une église – aussi pauvre et petite fut- elle.
Il est vrai que beaucoup de gens sous-évaluent le sacrement du baptême, le considérant comme un passage obligé, un rite socio-cultuel… et aussi une formidable occasion de rassembler la famille. Il y a du vrai dans ces raisonnements, mais ce n’est pas tout.
Pour comprendre l’essence-même du baptême, je vous propose de relire la première lettre de saint Pierre apôtre, lue en deuxième lecture :
Le baptême ne purifie pas des souillures extérieures, mais il est l’engagement envers Dieu d’une conscience droite et il sauve par la résurrection de Jésus Christ.

Saint Pierre et les premiers disciples du Christ – les premiers témoins et martyrs de l’Église – ont bien compris le sens du baptême : c’est l’engagement envers Dieu d’une conscience droite.
J’espère que vous l’avez bien entendu, mes frères bienaimés…
Si nous sommes baptisés, c’est pour être engagés : engagés à fond!
Bien évidemment, cet engagement n’est pas banal et quelconque.
Il est concret : la conscience – donc l’être profond de chacun de nous – doit s’appliquer.
De plus, elle se doit d’être droite… c’est-à-dire : sincère, ambitieuse en la recherche de la vérité, intransigeante.
Seule une personne possédant une telle conscience, engagée à plein régime, peut espérer recevoir le fruit mûr du baptême dont nous parle aussi saint Pierre: le salut par la résurrection de Jésus Christ.

Chers frères et sœurs bienaimés,
Ne nous voilons pas la face : nous sommes tous exposés aux tentations et aux actes pernicieux de Satan. C’est une réalité !
Certes, combien de fois le monde – aussi beau et éblouissant soit-il -, n’en est pas pour autant une cour de récréation !
Toutefois, si nous, les baptisés dans le Christ, nous nous investissions vraiment dans la foi, si nous perfectionnions toujours plus la droiture de notre conscience, je vous l’assure, le mauvais ne pourrait rien contre nous.

Il resterait dehors…, impuissant à nous percer au plus profond de nous-même…
Et comme ce fut le cas de notre Seigneur dans le désert, il sera renvoyé les mains vides. Voilà le but à atteindre !
Chaque carême nous rappelle donc que nous sommes appelés à dépasser les tentations et à vaincre le Mauvais, à l’instar du Christ !

Ainsi-soit-il